NACELLE  PERDUE

 

 L'incident s'est produit le mardi 14 septembre 2004, sur la pelouse du festival international de Dieppe, en milieu d'après-midi.

La nacelle était suspendue à une cinquantaine de mètres de fil sous le WACO de 3m. Le vent sud-ouest, force 4, venait de la mer, et variait de 4 à 7 m/s.J'avais un fil polyester de 90Kg pour une traction du Waco de 3 à 6 Kg, et une nacelle de 1Kg. Sur ma gauche, des cerf-volistes de Sardaigne avaient des cerfs-volants instables, avec 20 à 30m de fil. Devant changer de batteries, je me suis éloigné d'eux, pour accrocher mon fil avec un crochet gamma sur une barrière, et la nacelle ramenée à 15/20m de fil du crochet. En affalant le fil, je change les batteries, puis je laisse remonter la nacelle. Je teste les fonctions, et je m'apprête à défaire le fil du crochet. A ce moment, je vois le cerf-volant du Sardaignais piquer au dessus de ma nacelle. N'ayant pas le temps de décrocher, j'abats du fil. Le cerf-volant plongeur continue sa course, son fil chevauche le mien juste en dessous de la nacelle. Le Sardaignais, au lieu de laisser filer tranquille, tirait sur son fil, la plongée de son cerf-volant accélérant comme un combattant, et en un clin d'oeil mon fil était coupé! Stupeur!

La nacelle est emportée par le cerf-volant, va toucher un mur d'immeuble, entre le 1er et le 2ème étage. Elle reste quelques secondes coincée sous le côté d'un balcon, mais le cerf-volant reprend de la hauteur et de la vigueur, et la nacelle se met à glisser le long de la façade, entre les balcons et la gouttière. Arrivée en haut, elle disparaît sur le toit, et je vois le cerf-volant s'éloigner.

Je pars dans les rues voisines, et tente de repérer le fil. Ma course se termine sur le port de plaisance. Le cerf-volant est dans l'eau, entre les pontons. Je récupère la ficelle, et le Waco. Il reste accroché un bout de la tige du pendule, mais rien d'autre. La nacelle n'est-elle pas tombée au fond de l'eau? Questionnant des témoins, ceux-cis m'affirme qu'il n'y avait rien d'autre sur le fil au moment de la chute.

Un peu plus tard, un couvreur qui travaillait sur un immeuble en rénovation me confirme avoir vu tomber le cerf-volant, puis le cerf-volant reprendre de la hauteur, pour enfin tomber à nouveau. A quelques mètres près, il aurait pu attraper le fil! Il a entendu un bruit, mais n'a pu situer à quel moment par rapport au vol du cerf-volant

 

J'ai pu aller en hauteur, repérer où le Waco avait survolé, passer dans les cours accessibles de la rue. J'ai interrogé des gens du quartier, j'ai posé des avis de recherche, j'ai pris d'autres photos aériennes des toits avec un autre matériel pour tenter de vérifier si la nacelle n'était pas bloquée quelque part. Un gardien a aussi vérifié sur un toit probable. La nacelle n'a jamais été retrouvée.

Ensuite, le Sardaignais voulait à peine me parler. J'ai bien compris que ce n'était pas son problème. Bien sûr, il n'a pas d'assurance; bien sûr l'organisation du festival n'a pas d'assurance non plus pour les dommages matériels causés par les personnes invitées! Je serais en droit de réclamer la réparation de ces dommages, que l'auteur, ou la personne morale responsable soit assurée ou non. C'est leur problème, et pas le mien. Aucun dédommagement amiable ne m'a été proposé; sans doute aurais-je dû porter plainte pour obtenir une compensation? La nacelle avec le photoscope, les dispositifs électroniques représentent un total de 700 euros.

Ce qui est incompréhensible, c'est que l'on demande aux cerf-volistes français une couverture par l'assurance de leur club, mais rien des cerf-volistes étrangers; ceux qui sont invités devraient être couverts par l'organisation, et les autres devraient produire une attestation d'assurance. Des visiteurs ont eu leur voiture en stationnement endommagée par la chute du gros cerf-volant d'un cerf-voliste étranger (toit enfoncé) et ils n'ont même pas pu établir un constat amiable!

De grâce, messieurs les responsables de festivals, ne faîtes pas de fausses économies sur le côut des assurances! N'invitez pas de personnes qui font peut-être de belles constructions, mais sont de piètres cerf-volistes, incapables de régler correctement un cerf-volant, ou de le concevoir comme tel, et ignorants des principes de base du vol de ceux-cis. N'invitez pas non plus, et ne tolérez plus sur vos terrains ces goujats qui n'ont cure de personne, et ne font pas face à leurs responsabilités.

Ce jour-là, Fausto Marrocu était de ces personnes -là.

N'oublions pas que laisser l'opportunité à des incidents matériels de se produire conduit statistiquement à l'occurence d'accidents corporels.